Depuis longtemps, j'écris des nouvelles. L'univers de la fantasy m'a toujours plu. J'ai donc imaginé une suite de chroniques dont le héros principal est à la fois acteur et témoin des évènements de cet univers. Je voulais retrouver dans ses histoires certains éléments tels que les dragons et les magiciennes. Je ne prétends pas à l'excellence, mais j'ai voulu créer des histoires plaisantes. Ces chroniques ont aussi pour but de donner corps à une histoire complète en apportant des éléments sur l'univers de "La compagnie des dragons".


L'histoire débute par la présentation de Père-Dragon qui raconte à ses enfants ses aventures en tant que soldat de la Compagnie des dragons.

Chronique I: La Pierre d'Elfe

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Le froid s'était installé dans les montagnes de Brines depuis quelques jours. Un épais manteau blanc avait recouvert le paysage de la région Est du territoire des Dragons. Seule, une vieille demeure émergeait de la neige. Cette maison basse semblait bien accueillante dans ce blizzard. À l'intérieur, les bûches craquaient dans l'âtre. La chaleur qu'elles dégageaient se répandait doucement dans la pièce. Près de la cheminée, assis sur un épais tapis, trois enfants écoutaient attentivement les paroles d'un vieil homme, assis dans un grand fauteuil tiré de velours rouge. L'odeur de la cire se mêlait aux effluves boisés du feu qui brûlait dans la cheminée en pierre de taille. Cette senteur authentique provenait d'un vieux bureau en bois sombre coincé près de la fenêtre d'où l'on apercevait par intermittence des averses de neige. La pièce au plafond bas offrait la sécurité et la chaleur alors que dehors la température chutait inexorablement. Un lourd rideau de la même étoffe que le fauteuil ne masquait pas complètement le sifflement du mauvais temps. Mais les habitants de cette demeure ne semblaient guère sans soucier. Le silence s'installa dans la pièce. Le plus ancien s'était appuyé sur le dossier de son fauteuil, la tête en arrière et semblait vouloir apprécier un moment de paix. Mais l'un des enfants, le plus grassouillet, se leva et tira sur la manche de son aïeul.
- Père-dragon, lui souffla-t-il, ne t'endors pas. Raconte-nous encore une histoire, celle de la magicienne !
Tout en disant cela, il tirait avec force sur le bras de l'ancien. Celui-ci rouvrit les yeux, soupira puis le regarda fixement.
- Encore l'histoire de la magicienne, Wiy ?
- Oui, la magicienne, s'écrièrent-ils en chœur.
Wiy, ainsi se prénommait le jeune garçon, retourna auprès des deux autres enfants qui eux se nommaient Soy et Morgy. Installés confortablement, ils allaient écouter pour la centième fois l'histoire qu'ils préféraient. Père-dragon s'éclaircit la voix et commença son histoire :

- " Je m'en souviens comme si c'était hier…



Je venais de passer mon premier grade d'officier dans la compagnie des dragons à Orakazai la blanche. L'occasion était trop bonne pour ne pas faire la fête à l'auberge des Trois D tenue par notre Angy. Accompagné de quelques camarades, je festoyais de façon tout à fait honorable mes premiers galons de capitaine. Angy s'était surpassée aux fourneaux. Coquelets, cailles et rôtis passaient entre nos mains à la grande joie de nos estomacs. Un bon vin de la région du sud mettait de la bonne humeur autour de la table. La nuit était tombée depuis belle lurette. Les bougies éclairaient les quelques habitués qui restaient dans la grande salle. Quand soudain la porte s'ouvrit à la volée. L'air froid pénétra en même temps que Joy, un autre de mes compagnons. Je l'invitais aussitôt à se joindre à nous.



"- Impossible, me répondit-il, je suis venu vous chercher. Le conseil des sages vous réclame IMMEDIATEMENT. "



Nous nous levâmes aussitôt dans la confusion, l'esprit un peu embrumé par le repas, et surtout par le vin. À l'extérieur, le vent froid nous dégrisa aussitôt. Angy nous regarda partir les mains sur les hanches, postée à la porte de l'auberge. Nous emboîtâmes le pas rapide de Joy qui nous conduisit auprès du conseil des sages dans la grande tour qui surplombe la grande cité blanche. Je dois bien avouer que j'étais impressionné par les sages, mes compagnons également. Et nous priâmes secrètement que le résultat de nos libations ne se voie pas trop. Depuis que le dernier des Dragons-rois s'était éteint, le conseil veillait aux destinées du territoire des dragons. Notre compagnie était sous leurs ordres directs et recevait des missions souvent délicates à gérer. Le plus sage, connu sous le nom de Dommy se leva. Sa voix était basse et posée.



"- Jeunes dragons, une mission importante va vous être confiée. Le conseil des sages place en vous son entière confiance pour qu'elle soit accomplie dans les plus brefs délais. "



Il marqua un silence. Nous étions tous au garde à vous prêts à supporter mille périls pour notre peuple.



"- Vous devez escorter un de nos hôtes de marque dans le territoire du Nord. Vous savez combien la tâche sera rude. Les Khyens, nos ennemis de toujours, sont bien agités ces derniers temps. Vous devrez aider notre invité à récupérer un bien précieux dérobé à son peuple. "
Nous baissâmes la tête en signe d'acquiescement. À cet instant, une femme sortit de l'ombre et s'avança vers eux. Se tenait devant eux une mince jeune femme aux cheveux blonds. À sa tenue, je reconnus aussitôt une magicienne de haut rang. Elle portait autour de son cou un collier orné d'un saphir magnifique emprisonné dans une griffe d'or. Une robe longue d'un bleu profond mettait en valeur un visage d'une très grande beauté.



"- Je vous présente Mici la magicienne. Son peuple l'a chargée d'une mission délicate : récupérer une pierre d'elfe volée par nos ennemis. Vous l'accompagnerez dès l'aube dans ses recherches. "
Vous pensez bien que la nuit fut courte. Les préparatifs pour un tel périple étaient très importants. Il était important de bien se préparer pour affronter les Khyens, une lignée de demi-dragons, serviteurs du mal à l'aspect reptilien. Un lointain cousinage avec les dragons noirs ne nous avait pas rapprochés. Bien au contraire, leur violence aveugle faisait barrage à toute tentative de paix. C'est pour cela que dès potron-minet, j'étais dans la cour de la compagnie des dragons. Enveloppé dans une cape de laine épaisse pour faire face au froid piquant, je coordonnais les efforts de tous avant le départ. L'attelage de la magicienne était conséquent. Six chevaux à la robe noire piaffaient dans les premières lueurs du soleil. Nous prîmes notre apparence de dragons pour pouvoir escorter la magicienne. Nous nous envolâmes haut dans le ciel avant de venir nous positionner autour d'elle. Nous partîmes à fort belle allure. Rapidement, Orakazai la blanche disparut de notre horizon. Nous nous dirigions vers les territoires du Nord, vers nos ennemis les plus cruels, des démons issus des cercles de l'enfer, les Khyens. Notre première halte me donna la possibilité d'en connaître un peu plus sur la pierre volée.



"- Magicienne, l'interpellai-je, nous faisons une pause. "



En disant cela je m'étais approché de la porte. Concentrée, agenouillée, les mains levées, paumes vers le haut, elle semblait rechercher à travers les limbes de son esprit la pierre volée. Son visage était si fixe que j'en aie eu presque peur. Rien ne bougeait. Les yeux fixaient droit devant eux. Pourtant, une voix s'éleva très clairement, peut-être n'était ce que dans ma tête. " Merci Capitaine, je vais en profiter pour me reposer un peu. " Surpris, je regardais autour de moi, pensant à une farce de mes frères d'armes. Mais lorsque je retournais mon regard vers la magicienne, elle me dévisageait en souriant. Elle me tendit la main et je l'aidais à descendre promptement. Je cachais mon trouble et raffermis ma voix pour lui poser une question.



"- Où allons-nous ? "
"- Vers le Nord " me répondit-elle.
"- Mais encore ? "



Elle s'arrêta, se demandant certainement si elle devait prendre cette dernière question pour une effronterie indigne d'un capitaine de la compagnie des dragons. Je l'imaginais alors me transformant en porcelet dodu et rose ou bien pire en humain, dépossédé de mes pouvoirs de dragon. Je respirai lorsqu'elle reprit la conversation.



"- Les Khyens ont volé une pierre appartenant à notre peuple. Elle nous avait été offerte par le Roi des elfes en cadeau d'amitié entre nos deux peuples. Cette pierre a d'étranges pouvoirs. Je ne sais ce que les Khyens souhaitent en faire, mais il est impératif pour la cohésion de nos peuples de la retrouver sans délai. "
Son visage s'était de nouveau fermé. Son esprit partait de nouveau à la recherche de la pierre.
"- Mais vous ne savez pas où elle se trouve. "
Elle me fixa de ces yeux bleu nuit.
"- En tout cas pas avec eux, me répondit-elle. Les Khyens ne peuvent supporter la pureté d'une pierre d'elfe. Ils l'ont donc cachée dans un endroit inaccessible, assez loin d'eux. "
Je commençais à m'impatienter. Cela ne disait toujours pas où nous allions. Et comme si elle avait lu dans mes pensées, elle dit à voix basse :
"- C'est dans le gouffre des rugissants que nous allons. "



Je ne pus m'empêcher de frissonner à l'annonce de ce nom. Le gouffre était surplombé par une immense forteresse Khyens. Et bien que ce lieu tire son nom des cris des prisonniers que nos ennemis y jetaient, la réalité était en fait bien plus dangereuse. La mer se brisait dans ce gouffre, ainsi que dans la multitude de grottes qui ornaient ses flancs escarpés. La tâche était immense. Comment retrouver la pierre d'elfe dans un tel labyrinthe ! Elle posa une main sur mon bras comme pour me rassurer.



"- Ne vous inquiétez pas, amenez-moi jusque là-bas et je la retrouverai. "



Puis elle se retourna et marcha vers l'attelage. Je donnai le signal du départ et nous reprîmes notre route à vive allure. En quelques heures, nous parcourûmes une distance importante, là où un être humain aurait voyagé en plusieurs jours. La nuit tombait lorsque nous arrivâmes aux abords du gouffre. J'ai alors donné l'ordre d'établir notre campement dans un bois environnant. Pendant que la compagnie s'activait, je m'étais hissé sur une pierre dressée dont j'avais fait un observatoire privilégié. J'apercevais la forteresse noire des Khyens. Mes compagnons étaient nerveux, sur le qui-vive. Une lande déserte et aride nous séparait du gouffre et de ses grottes secrètes, mais également d'une bande de Khyens armés jusqu'aux dents. Difficile de traverser sans être vu. Notre voyage avait été une partie de plaisir en comparaison de ce qui nous attendait là-bas. Notre route s'était passé sans encombre, la seconde partie de l'aventure s'avérait beaucoup plus périlleuse. Imperceptiblement, la magicienne s'était approchée de moi sans que je m'en rende compte. Elle me paraissait encore plus soucieuse que lors de notre halte.


" - Cela ne se présente pas de la meilleure façon. " Dit-elle tout en observant la lande qui s'étendait à perte de vue.
"- C'est certain. Nous ne pourrons guère nous cacher derrière les quelques buissons rabougris. Peut-être en reprenant notre forme initiale de dragons… "
"- C'est de la folie, me rétorqua-t-elle, les Khyens vont vous repérer immédiatement. "
"- La seule solution, c'est de profiter de l'heure la plus noire de la nuit pour notre petite escapade. "
La magicienne me sourit, un peu forcée.
"- Alors, il ne nous reste plus qu'à nous reposer avant cette heure si sombre. "



Et là, moi je n'ai pas souri. Décidément cette magicienne avait vraiment un sens de l'humour plutôt étrange. Je descendis alors de mon promontoire pour informer mes compagnons de notre décision.



Une nuit d'encre s'était installée autour de nous. La lune était cachée par des nuages et une pluie fine tombait sans discontinuer. La lande était encore plus sinistre. Pour ne pas signaler notre présence, nous n'avions pas fait de feu. Et c'est transis de froid que nous partîmes vers le gouffre des rugissants. Nous avancions l'oreille tendue pour nous diriger. Tous nos sens étaient aux aguets. La pluie poissait d'humidité nos capes. La magicienne semblait insensible à cet environnement hostile. Elle avançait d'un pas rapide vers le gouffre. Ce lieu maudit ne devait guère être loin. Le bruit des vagues gigantesques se brisant sur les récifs nous parvenait, de plus en plus proche. Nous nous retrouvâmes brutalement en haut de la falaise. L'écume bouillonnait au-dessous de nous, à plusieurs mètres de profondeur. Je me tournai vers la magicienne.



" Par où descend-t-on ? "



Elle m'indiqua du doigt un escalier étroit taillé dans la falaise. Une simple corde courait le long du mur pour faciliter la descente. La compagnie hésitait. Je relevai la tête et la magicienne désigna la forteresse. Des ombres noires s'agitaient sur les remparts. Pas le temps de polémiquer. Il n'était guère prudent de rester à découvert. Nous avons entamé la descente, l'un derrière l'autre. Nos pieds glissaient sur des marches de pierre émoussées et humides. J'ouvrais la marche. Mici me suivait. Notre descente était lente et prudente. Elle tira sur ma cape et me désigna une ouverture à une dizaine de marches en dessous. Le bruit était assourdissant et remontait en tourbillon vers le haut de la falaise. La force du vent était terrible et nous étions obligés de nous tenir de toutes nos forces à la corde. C'est avec soulagement que nous avons pénétré dans la grotte. En fait c'était plus un tunnel qu'une grotte. La pénombre s'éclaira brusquement. Une lueur bleue s'échappait de la main de la magicienne. Cette lumière étrange et froide nous mettait mal à l'aise. Joy alluma alors une torche qu'il avait trouvée à proximité de l'entrée. Cependant cette source de lumière vive ne chassa pas l'étrange malaise que nous ressentions face à ces parois humides et grises. Rien ne servait de rester plantés là à admirer le décor. Nous pénétrâmes plus en avant dans le tunnel. Cela ressemblait fort à un labyrinthe inextricable. Heureusement pour nous, la magicienne semblait connaître le chemin. Elle marchait à une bonne allure, nous contraignant à une vigilance accrue. Plus d'une fois, il me sembla voir des ombres s'agiter autour de nous. Les Khyens n'étaient pas très loin. Je sentais leur odeur autour de nous. Je serrai mon épée. Pas question de reculer. Il fallait trouver la pierre d'elfe. Cela faisait déjà un bon moment que nous marchions quand soudain nous débouchâmes dans une immense salle. Au milieu trônait la statue d'une étrange créature ailée, certainement un des démons vénérés par les Khyens. Deux énormes pattes griffues étaient plantées dans le sol. Une face hideuse laissait émerger des crocs. Dans sa gueule ouverte luisait la pierre d'elfe. Mici restait plantée devant la statue. Je m'approchais d'elle et je vis à son air soucieux qu'un nouveau problème avait surgi. Je murmurai dans un souffle.



" - Qu'est-ce qui se passe ? "
" - Je ne peux atteindre la pierre d'elfe. Les Khyens l'ont mis sous la protection d'un maléfice. Ils se doutaient certainement que l'un des nôtres viendrait chercher son dû. "
" - Peut-être pouvons-nous être utiles ? Si vous ne pouvez vous approcher, peut-être que nous pourrions… "
" - Non. Si vous montiez sur cette statue, une mort certaine vous attendrait. "
" - Alors que faire ? "
" - Il me faut combattre le sortilège. Je vais avoir besoin de vos ressources psychiques et magiques. Formez un cercle au milieu, ici, sur le sable. "



J'ordonnai à mes compagnons de se placer telle qu'elle le souhaitait. Mici prit place au centre du cercle. Je la vis psalmodier des incantations. Le cercle se matérialisa soudainement autour de nous par un anneau de lumière bleue. Nos compagnons ouvraient de grands yeux. La magicienne leva les bras et la statue sembla s'animer. Un brouillard gris s'en échappait et luttait contre la lumière bleue. Une forme sortit du brouillard. Elle vola autour de nous. Nous reconnûmes la créature. Elle se posa face à nous. Quand elle parla, mon cœur s'arrêta.



" - Petite magicienne, pourquoi viens-tu me déranger ? "
" - Je viens chercher la pierre d'elfe qui appartient à mon peuple et qui nous a été volée. " Répliqua-t-elle.
" - Ceux qui me servent l'ont mis sous ma protection. Cette pierre est à moi. "
" - Mais selon vos coutumes, tu ne peux refuser de me la rendre si je puis surmonter une épreuve. "
" - C'est exact. Laisse-moi réfléchir. "



L'étrange créature s'envola de nouveau au-dessus de nos têtes. Un moment qui dura une éternité. Enfin elle daigna se poser. Le temps semblait suspendu. Une cloche se mit à sonner dans le lointain.



" - Voilà ma question. Tu connais certainement l'histoire du peuple qui a offert cette pierre. Les elfes sont apparus dans nos contrées munis de multiples dons mystérieux. Pourtant un don fut acquis lors de la terrible bataille de Jaffay. Quel est ce don ? "



Je regardais mes compagnons. De quoi parlait cette créature ? Les elfes sont un peuple pacifique. De quelle bataille s'agissait-il ? Je détournai mes yeux vers Mici. Pensive, elle réfléchissait intensément, poings serrés.



" - Ce don est le langage. Pour prévenir leurs alliés humains et magiciens, ils eurent recours à un sortilège puissant. Ils eurent alors la possibilité de communiquer et gagnèrent la bataille. Les elfes ont conservé ce don. "



La créature lâcha un cri puis disparut. La pierre tomba aussitôt des crocs de la statue inerte. La magicienne s'empressa de la saisir. À son contact, une lueur verte s'échappa, l'entourant. Un halo l'enveloppa alors qu'elle tenait, triomphante, la pierre dans son poing levé. La lumière se fit plus intense. Je vis l'inquiétude remplacer le sourire sur le visage de la magicienne. Puis elle s'évanouit tombant sur le sable. Je me précipitai vers elle. Ses yeux s'ouvrirent à peine. Ils étaient maintenant de couleur verte.



" - Il y avait un autre sortilège, un autre sortil… "



Ses yeux se refermèrent. Brusquement un Khyen surgit juste en face de moi. Je n'eus que le temps de parer son coup. De ma main libre, j'attrapai son bras et l'envoyai valser contre le mur de la grotte. Il s'étala de tout son long et fut assommé, mais déjà un autre pointait son épée prêt à la planter dans mon ventre. Je chargeai le premier, insensible à la douleur de l'entaille qu'il venait de me faire. Je le cognai avec une telle violence qu'il fut plaqué au sol. J'arrachai mon épée, prêt à en découdre. Mes compagnons faisaient face. Un Khyen fonça vers Joy. D'un croche-pied, je le fis tomber et l'assommai du plat de mon épée. Sans discernement, je taillais, je tranchais leur chair. Du revers de la main, je frappais à tour de bras. Au bout de quelques minutes, l'issue de la bataille était à notre avantage. Mais bientôt d'autres Khyens arriveraient. Et nous céderions sous le plus grand nombre. La magicienne, évanouie, ne nous était d'aucune utilité. J'attrapai un Khyen qui revenait à lui. Il se tortillait pour se dégager. Sous la menace de mon épée, il fut un excellent guide. Nous parcourûmes de nombreux couloirs avant de sortir, aveuglés par le soleil levant au milieu de la lande. Abandonnant notre prisonnier, nous prîmes, sous ses yeux épouvantés, notre forme de dragons. D'un coup d'aile, nous rejoignîmes le campement. J'installai Mici dans son attelage après m'être assuré de sa santé. Nous n'avons pas demandé notre reste et avons pris la direction d'Orakazai la blanche sous les cris de colère des Khyens, scandés par les boules de feu que leurs armes primitives lançaient contre nous.



Nous fûmes accueillis en héros par le conseil des sages. Nous avions réussi notre mission. La magicienne, grâce aux bons soins de nos médecins, se rétablit rapidement. Elle conserva néanmoins la couleur verte de ses yeux. La pierre emprisonnée au sein de son collier avait également changé de teinte. Et à regarder de plus près, on s'apercevait que c'était la pierre d'elfe. Lorsqu'elle put enfin se lever, elle s'octroya contre l'avis de nos docteurs une petite promenade du coté de la compagnie des dragons. Elle me remercia chaleureusement en m'embrassant. Et je dois bien l'avouer, j'ai rougi…un peu. "



Un sourire fugitif illumina le visage du vieil homme. Il se souleva de son siège. Les enfants, les paupières lourdes, s'étaient couchés sur l'épais tapis. Père-dragon s'était levé. Il étendit une couverture sur eux. Wiy marmonna juste avant de s'endormir.
- Moi aussi, un jour, je serais officier dans la compagnie des dragons.
Père-dragon tira le rideau de velours rouge pour masquer complètement la fenêtre. La neige avait cessé de tomber. Il attisa le feu dans la cheminée puis s'assit confortablement dans son fauteuil. Son regard glissa vers les enfants endormis et il sourit doucement.

8 commentaires:

  1. J'ai beaucoup aimé cette histoire. Je vais lire les autres chroniques. Merci à vous Mellya, de nous faire partager ces jolis contes.

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    1. Merci d'avoir ouvert les commentaires pour faire partager le plaisir de découvrir ces chroniques.

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  2. je peux lire et relire sans jamais m'ennuyer tant j'adore cette histoire.

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  3. Ce petit mot juste pour vous dire que j'ai beaucoup aimé vos chroniques. Je trouve qu'elles respirent la magie, offrent de l'évasion, du rêve, et qu'elles sont très bien écrites.

    Bonne journée, semaine, mois de septembre.

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  4. J'aime beaucoup ces histoires. L'écriture et l'histoire comportent des qualités indéniables. C'est un plaisir de les lire...

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  5. Cette chronique est vraimenr bien ! Les idées sont poussées et recherchées et l'histoire est pleine de rebondissements ! Parfois certains passages s'avèrent longs, et l'on sent que tout n'est pas dit.

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  6. Cependant on aimerait savoir plus de choses sur les personnages.

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